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La langue inclusive dans la traduction jurée : un mariage fait pour durer

Les documents juridiques et administratifs ont leur propre langage. C’est un univers où chaque mot compte, où la place d’un terme est déterminante, où chaque détail a son importance. Le genre des personnes est un des éléments qui ne peut être ignoré.

En tant que traducteurs et traductrices juré·es, vous le savez pertinemment : les documents juridiques et administratifs ont leur propre langage. C’est un univers où chaque mot compte, où la place d’un terme est déterminante, où chaque détail a son importance. Le genre des personnes est un des éléments qui ne peut être ignoré, il est même déterminant dans certaines procédures.
Des études psycholinguistiques ont prouvé que le masculin générique influence notre façon de voir le monde, qui s’en trouve ainsi biaisée[1]. La traduction, à plus forte raison la traduction jurée, se doit de rester fidèle au texte et par conséquent d’éviter cette déformation de la réalité induite par le masculin générique. Dans cette optique, le genre des personnes joue un rôle essentiel et c’est là que l’écriture inclusive révèle toute son utilité.

 

Vous avez dit « écriture inclusive » ?

L’écriture (ou langue) inclusive est un ensemble de techniques permettant de visibiliser les genres dans la langue (à l’écrit ou à l’oral), ou en tout cas de n’exclure personne. On peut ainsi utiliser différentes méthodes illustrées ci-dessous pour éviter de penser exclusivement au masculin.

Dans certains cas concrets, si vous ne connaissez pas le genre de la personne ou si vous parlez d’un groupe composé de femmes et d’hommes, il est important de bien choisir vos mots pour éviter d’orienter votre lectorat vers une image exclusivement masculine.

Exemples :

Les policiers ont malmené les manifestants

  • Les policiers·ères ont malmené le cortège
  • Les policiers et les policières ont malmené les protestataires
  • La police a malmené les grévistes
  • Les forces de l’ordre ont malmené les manifestant·es.

Les traducteurs et interprètes jurés ne sont pas suffisamment rémunérés

  • La rémunération des TIJ n’est pas suffisante
  • Le secteur de la traduction et de l’interprétation jurées n’est pas suffisamment rémunéré
  • Les traducteurs·rices et interprètes juré·es ne perçoivent pas une rémunération suffisante
  • Notre rémunération n’est pas suffisante

Le nombre d’affiliés à l’UPTIJ est en nette augmentation

  • Le nombre de membres est en nette augmentation
  • Le nombre d’adhésions est en nette augmentation
  • Notre association grossit de plus en plus
  • Nous enregistrons de plus en plus d’affiliations

Et sur le terrain ?

Notre présidente Amal Boualga témoigne : « Il y a quelques années, je devais interpréter à partir de l’arabe. Il était question de plusieurs personnes. Selon les règles classiques du français, je m’exprimais uniquement au masculin. L’enquête s’est donc orientée vers un groupe d’hommes. Plus tard, un pronom féminin est arrivé dans la conversation. Impossible toutefois de le mettre en valeur : « demande-lui son numéro ». Rien ne permet de déceler en français qu’il s’agit d’une femme. Et si j’avais exprimé cette phrase de cette manière, tout le monde aurait cru à un homme. J’ai donc dû insister sur le pronom elle en français (demande-lui son numéro à elle). Ce détail de taille a ainsi permis à la police de réorienter l’enquête dans le bon sens. Le genre est donc un élément primordial qu’on ne peut occulter dans la langue et qu’il est même nécessaire de mettre en exergue à l’aide des différents moyens inclusifs qui existent. »

 

Sophie Hennuy, traductrice jurée et créatrice de l’Inclupédie

 


[1] Le cerveau pense-t-il au masculin, P. Gygax, S. Zufferey, U. Gabriel, Le Robert, 2021

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